Publié le 23 déc 24
C’était la mauvaise surprise de Saint-Nicolas aux agriculteurs : le 6 décembre dernier, Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, était en Uruguay pour signer le fameux accord UE-Mercosur, l’accord de libre-échange le plus massif jamais signé par l’Union européenne.
Cette fois-ci, ça y est : après 25 ans de négociations et malgré la mobilisation de très nombreux acteurs de la société civile, au premier rang desquels les agriculteurs wallons, les négociations sont donc terminées et l’accord conclu.
Cet accord est pourtant dramatique pour nos agriculteurs wallons, et donc hutois également. Alors qu’ils souffrent déjà terriblement et ne parviennent pas à nouer les deux bouts, l’accord ouvre en effet la porte à une concurrence déloyale en permettant l’importation massive de produits agricoles en provenance du Brésil, d’Argentine, d’Uruguay et du Paraguay. Ces pays appliquant des normes sanitaires et environnementales bien moins strictes que les nôtres, ils pourront inonder notre marché avec leurs produits à bas prix, ce qui mettra en danger la survie de nombreuses exploitations familiales en Région wallonne et à Huy.
En clair : nous allons expédier en Amérique du Sud des produits chimiques interdits chez nous pour ensuite autoriser l’importation d’aliments cultivés avec ces mêmes pesticides. C’est un non-sens total, tant sur le plan social, environnemental et économique. Et en outre, cela va renforcer encore davantage la déforestation en Amérique du Sud.
Si la négociation est terminée, l’accord n’est heureusement pas encore en vigueur, et il est toujours possible d’y faire barrage, en utilisant tous les leviers possibles pour s’y opposer.
Dans les prochains mois, des discussions vont avoir lieu pour faire adopter l’accord par les Etats membres. On peut encore le bloquer au niveau européen si la Belgique rejoint la minorité de blocage, ce qu’elle a refusé de faire pour l’instant.
La pression doit donc venir du terrain - et les communes ont un grand rôle à jouer - vers nos ministres fédéraux concernés : le Premier Ministre et le Ministre des Affaires étrangères.
On doit aussi empêcher une scission de l’accord qui empêcherait les parlements nationaux de se prononcer sur son contenu.
C’est la raison pour laquelle, lors du conseil communal de ce 23 décembre, nous proposions une motion faisant de Huy une zone « Hors Mercosur », comme cela avait pu être le cas par le passé pour le TTIP ou le CETA. L’objectif est d’exprimer notre soutien à nos agriculteurs et producteurs, et de relayer nos craintes quant à cet accord, en demandant aux autorités compétentes de refuser l’accord et de travailler à la mise en place d’une minorité de blocage au niveau européen.
Malheureusement, alors que nous espérons réunir l’ensemble des forces politiques hutoises, au-delà des clivages politiques, pour défendre nos agriculteurs, le PS, le MR et les Engagés ont rejeté la motion, préférant s'en laver les mains. Quel mépris pour les agriculteurs qui souffrent déjà terriblement de la concurrence déloyale des produits importés !
